Lexie ouvre les paupières, s’étire longuement en retrouvant une respiration normale. Depuis près d’une heure, elle s’adonne à sa méditation quotidienne, mais aujourd’hui elle n’arrive pas à trouver la sensation de calme que cela lui procure habituellement. En fait, depuis que la malédiction a été brisée, il est rare qu’elle se sente bien : elle est déchirée entre les deux vies on ne peut plus différentes qu’elle a vécues. Et, contrairement à bien des gens, elle préfère de loin cette deuxième vie, peut-être fausse et superficielle, mais où elle avait l’impression d’être une personne complète. À Neverland, elle n’était qu’une princesse évoluant sans but réel, mais à Storybrooke elle était une jeune femme épanouie, comblée par son métier. Elle était beaucoup moins solitaire et, surtout, elle avait quelqu’un dans sa vie. Si elle faisait le point entre Andrina et Lexie, pour rien au monde elle ne voudrait retourner en arrière et reprendre la vie qu’elle avait perdu. Elle avait toutefois fini par comprendre que les relations créées à Storybrooke n’étaient pas aussi réelles qu’elles voulaient le laisser paraître. Il ne s’agissait au final que d’une immense machination destinée à faire d’elle et de tous les autres habitants de la villes de simples marionnettes régies par celui qui avait jeté la malédiction… Plusieurs liens avaient été rompus depuis que les habitants de Storybrooke avaient retrouvés leurs souvenirs, parce que la vie « réelle » avait repris ses droits. Lexie elle-même s’était un peu isolée face à ses proches, retrouvant ce trait de caractère qui appartenait au passé.

Aujourd’hui cependant, elle n’avait plus envie d’être seule. C’est pourquoi aussitôt sa méditation terminée, elle enfila une paire de jeans et un pull en laine et se dirigea vers le centre-ville de Storybrooke, bien décidée à se rendre chez l’une des personnes qui l’avait abandonnées. Viktor n’avait pas été qu’un simple ami pendant toutes ces années où ils vivaient dans un monde irréel. Il avait été bien plus que cela : un confident, un amant. Même s’ils s’étaient tous les deux blessés au courant de cette relation tumultueuse, il avait été pour elle l’une des personnes les plus importantes durant la durée de la malédiction, et elle refusait tout simplement de croire que tout cela était désormais réduit à néant. C’est pourquoi elle entra dans la boutique gérée par Viktor, sans s’être annoncée au préalable. Il voulait la fuir, l’ignorer? Elle prenait les moyens pour obtenir ce qu’elle voulait. Tout simplement.

« Viktor. », dit-elle le plus simplement du monde, alors que son regard croise le sien pour la première fois depuis qu’ils ont retrouvés leurs réelles mémoires.

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Comme chaque matin, Viktor s’était levée tôt. Il avait pris sa douche rapidement et avait enfilé son jean de la veille et son tee-shirt fétiche fait par ses soins. Après ça, il était descendu et s’était rendu chez « Mère-Grand » pour aller prendre son café et sa pâtisserie. Malédiction levée ou pas, il gardait les mêmes habitudes que pendant ses seize années écoulées à Storybrooke. Du moins, en ce qui concerne sa routine quotidienne car pour ce qui est de ses relations, c’était tout autre…

Il est vrai que depuis le retour à la « normale », le jeune homme avait coupé tout contact avec certaines de ses anciennes relations. En particulier, une, avec qui il avait passé vraiment le plus de temps de sa vie Storybrookienne. Lexie… Une femme qu’il affectionnait beaucoup et c’est encore le cas d’ailleurs sinon il ne serait pas dans un tel état. Ce qu’il avait osé lui faire endurer pendant ces seize ans était contre ces principes, ceux que ses parents lui avaient inculqués à Fairyland… C’est vrai que leur relation n’était pas très claire non plus puisqu’ils étaient ensemble sans réel engagement mais jouer sur plusieurs tableaux en permanence sans le cacher des yeux de tous, le faisait se sentir mal. Depuis cela, il n’avait fait que l’esquiver et éviter les endroits où il était amené à la croiser. Pour le moment, ça lui avait réussi mais aujourd’hui la donne avait changé on dirait car justement la voici qui venait de pénétrer dans sa boutique alors qu’il était occupé dans l’arrière-boutique sur un patron pour son nouvel ouvrage.

En entendant la clochette de la porte tinter, signe que quelqu’un pénétrait dans la boutique ou sortait, le tailleur se détourna de son patron et se dirigea vers le devant du magasin. Lorsqu’il arriva à l’encolure de la porte et qu’il put enfin voir qui était présent, son souffle en fut coupé. Son regard rentra en collision avec celui de la jeune femme. Sa Lexie était là… devant lui… et la seule chose qu’il avait envie de faire c’était de tourner les talons et partir en courant par l’arrière de la boutique… Il ne se savait pas aussi lâche. Etait-ce aussi une des particularités du Viktor de Storybrooke ?


Fut le seul mot qui sortit de sa bouche après avoir toussoté afin d’éclaircir sa voix. Un blanc s’installa entre les deux jeunes gens. Le malaise s’était bien ancré à présent. Ils se fixaient l’un l’autre comme s’ils espéraient lire quelque chose d’inaudible sur les lèvres de l’autre. Viktor se frotta l’arrière de son crâne, signe qu’il se sentait vraiment mal à l’aise.


Son petit rire nerveux ne fit qu’empirer le trouble de la situation. Il hésita à s’avancer vers elle. Il fit un pas et se rétracta. Il avait envie de la serrer dans ses bras, de l’embrasser, de retrouver ces moments complices qu’ils avaient tant eu mais ces gestes auraient été complètement déplacés aujourd’hui.

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«Lexie… » Le regard qu'ils échangent s'éternise, alors que Lexie sent la colère qui jusqu'ici l'envahissait se dissiper peu à peu. Comment lui en vouloir? Si elle a été capable d’endurer son détachement durant ces seize années, pourquoi lui en voudrait-elle aujourd’hui d’agir de même… Ce qui affecte véritablement Lexie en ce moment, c’est surtout le sentiment d’être rejetée, d’être totalement mise de côté parce qu’elle n’est pas « vraie ». Mais le fait d’appartenir à une vie usurpatrice fait-elle d’elle une imposteur? Ce n’est tout de même pas elle qui en a décidé ainsi, et si la plupart des gens autour d’elle tentent d’oublier leur jumeau Storybrookien, Lexie s’attache à cette vie parallèle, la préférant de loin à ces souvenirs lointains qui font référence à une autre époque, à un autre monde. Elle n’en veut pas aux gens d’agir ainsi, même qu’elle les envie d’avoir des éléments du passé suffisamment intéressants pour qu’il vaille la peine de dire adieux aux souvenirs de Storybrooke. Mais voilà, elle se sent seule, et si elle vit le détachement de la plupart de ses amis sans trop de problème, elle en veut terriblement à Viktor. Parce qu’avec lui, elle avait l’impression que tout était différent.

« Comment tu vas ? Ca… ça fait longtemps haha… » Elle doit se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas répondre trop brusquement. « Oui, c’est vrai que ça fait longtemps. » , dit-elle néanmoins d’un ton sarcastique, détachant enfin se regard à celui de Viktor pour faire quelques pas dans la boutique. Son regard papillonne, se pose sur divers tissus, alors que sa main vient en effleurer d’autres. Malgré la colère qu’elle ressent, elle ne peut s’empêcher une fois encore d’être impressionnée par le travail de Viktor. Il a décidément des mains magiques, et pas seulement au lit… « La dernière fois, c’était quand? Ah, oui! Avant la levée de cette malédiction, à cette époque où je pouvais t’apporter quelque chose, où je t’étais utile. » Sa voix est à peine plus forte qu’un murmure, mais son ton dur et sec ne laisse aucun doute quant aux sentiments qui l’habitent. Nul besoin d’hausser la voix pour se faire comprendre. « Je peux savoir en quel honneur tu as décidé de ne plus répondre à mes appels? Qu’est-ce que j’ai fait de si horrible pour que tu t’acharnes à me fuir? » Elle tourne la tête vers Viktor, semble l’attaquer de son regard furieux.

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Cette phrase raisonne dans sa tête et sans dire un seul mot de plus, Viktor la regarde faire le tour de la boutique. Elle semble s’intéresser aux différents tissus et à ce qu’il en a fait. Il a bien évidemment remarqué le ton sarcastique qu’elle avait employé plus tôt mais il ne peut s’empêcher de sourire en la regardant presque s’émerveiller sur son travail. Ce type de regard, il l’observe souvent chez certaines de ses clientes et à chaque fois, cela le rend heureux car le jeune homme s’attèle sérieusement à ses ouvrages et avec minutie dans l’espoir de faire plaisir à ses clients et d’observer des réactions de satisfaction et d’émerveillement face à ce qu’il pourrait imaginer pour eux.

Parallèlement il réfléchit. Son regard se perd et semble s’échapper dans un autre monde un instant. Sa réflexion porte sur sa vie actuelle, passée et futur. Il pense à sa sœur, retenue quelque part et au temps qu’il a perdu ici à Storybrooke pendant tout ce temps sans elle alors qu’il était revenu à Fairyland justement pour la revoir. Il pense à Lexie qu’il a côtoyée pendant ses seize années, à leur idylle et à son propre comportement vis-à-vis d’elle. Ils auraient pu construire quelque chose ensemble mais son « Lui » de Storybrooke semblait toujours à la poursuite de quelque chose qu’il pensait trouver auprès des différentes femmes qu’il rencontrait mais finalement il revenait toujours vers sa Lexie. Elle avait ce je-ne-sais-quoi dont il avait besoin et en même temps, il semblait qu’il mettait un point d’honneur à l’éloigner de lui par son comportement. Et pendant tout ce temps, elle a enduré cela et a accepté ses écarts de conduite. Pourquoi avait-il fallut qu’il agisse ainsi ? Son attachement pour elle était pourtant sincère et il ne peut pas s’empêcher de penser qu’une partie de son homologue fais partie de lui aujourd’hui car il était lui. Leurs traits de caractère étaient différents mais maintenant, il ne sait pas comment composer avec et comment rattraper certaines de ses bourdes. Lexie en était la principale après sa sœur qu’il avait abandonnée. Les deux femmes pour qui son affection était forte pourraient-elles lui pardonner un jour ?

Le garçon sort de sa rêverie lorsqu’elle l’attaque de front. Un peu perdu car il n’avait pas tout suivi, il comprend néanmoins ce qu’elle a pu dire en regroupant les mots que son subconscient à intercepter : époque, apporter quelque chose, utile, appels, fuir… La jeune femme parle bien évidemment de leur passé proche commun et de leur présent où il n’avait fait que faire la sourde oreille face à ses appels et messages vocaux évocateurs où elle semblait s’effondrer et à sa manière de l’éviter en public qu’il avait eu l’art de maîtriser ces derniers temps. Rien que d’y penser, cela lui fendait le cœur en deux. Il ne savait pas que dire ni que faire. Jamais auparavant, il avait été si désobligeant avec une femme. Je parle bien de l’époque où il était à Fairyland. Son VRAI lui et pas celui qui avait été changé par cette affreuse malédiction. Il était temps qu’il fasse face à son alter ego et qu’il prenne le problème par les cornes. Lexie méritait au moins ça. Fini de fuir, le face à face était inévitable…

Viktor laissa échapper un soupir. On aurait pu penser à un soupir d’exaspération mais cela n’en était pas un. C’était plus pour laisser échapper toute cette tension et respirer un bon coup afin de lui faire découvrir qui il était réellement. On l’avait toujours surnommé Vaillant non ? Il s’avança vers sa visiteuse d’un pas décidé, de celui qu’il avait toujours eu même à Storybrooke quel que soit les circonstances et il s’arrêta à quelques centimètres d’elle. Là, il la regarda avec tellement de douceur qu’il ne put réprimer une larme. Il frotta son œil d’un revers de la main et de l’autre main, pris celle de Lexie qu’il serra tendrement.


Sans la quitter des yeux, il accompagna la main de la jeune femme sur ses lèvres pour y déposer un baiser puis sur sa joue.


Fini-t-il par dire en baissant légèrement la tête comme s’il ne voulait pas voir la réaction que son Amaryllis, comme il avait l’habitude de l’appeler auparavant ; nom de cette fleur tropicale si généreuses et hautes en couleur qu’il lui avait donné parce que ses lèvres pulpeuses et rosées lui rappelaient la couleur de cette fleur aperçue à Neverland ; pourrait avoir et comme s’il ne voulait pas voir d’où le châtiment pourrait venir...

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Le silence qui s’installe entre eux après le discours de Lexie est chargé d’une lourdeur qui déplaît à la jeune femme. Même si elle est venue ici en sachant que cela mènerait à une confrontation, elle n’aime pas la dispute, et si elle ne regrette en rien d’avoir dit à Viktor ce qui lui pesait sur le cœur, elle n’a pas nécessairement envie d’attiser sa propre colère. À dire vrai, elle est plutôt venue ici pour chercher des explications, pour comprendre ce comportement qui la blesse profondément. Ainsi peut-être, et seulement ainsi, elle arrivera à pardonner à celui qui a tout de même partagé sa vie pendant seize longues années, et pourra tourner la page afin d’embrasser à la fois son passé et son avenir. Elle observe longuement Viktor, regrettant amèrement de ne pouvoir suivre le fil des pensées de son ancien amant. Il lui semble tellement étrange de désormais sentir une distance entre eux… Même si leur relation n’avait pas toujours été évidente pour elle, il n’en restait pas moins que mêmes lorsque leurs échanges étaient explosifs, un lien intense les unissaient, les réunissaient même. Maintenant, elle a l’impression de se retrouver face à un inconnu, elle a l’impression de ne plus rien connaître de lui… Ne serait-ce que par ce malaise évident qu’il dissimule mal. Le Viktor qu’elle connaît aurait sans doute balayé d’un revers de la main ses reproches en lui sortant une phrase particulièrement bien tournée afin de désamorcer sa colère. Ensuite, il aurait réussi à la séduire par un sourire et quelques paroles et le début de dispute aurait immédiatement été chose oubliée. La personne qu’elle a présentement face à elle semble complètement différente de l’homme qu’elle connaît, et elle est complètement prise au dépourvu.

« Lexie… Je peux t’assurer que rien n’est de ta faute. A vrai dire, tout est de la mienne… Et honnêtement, je ne sais pas quoi te dire qui pourrait effacer tout ce que je t’ai fait endurer pendant ces dernières années… » La douceur du regard qu’il pose sur elle, ces yeux sincères embués de larmes, ce baiser qu’il dépose sur sa main avec tant de délicatesse… Lexie en vient presque à regretter d’avoir osé lui reprocher quoi que ce soit, tellement il semble sincère dans ces amorces d’excuses. « Et si tu penses que cette joue mérite d’être meurtrie alors je te donnes l’autorisation de la fouler comme bon te semble… J’accepterais même toute sentence venant de toi… » Sa main posée sur la joue de Viktor, Lexie reste silencieuse. Elle est touchée par ces déclarations qu’elle devine sincères, si bien qu’un sourire tendre apparaît sur ses lèvres, illuminant son visage, égayant son regard. C’est avec une douceur infinie qu’elle caresse la joue de Viktor, exerçant une légère pression sur son visage afin qu’il relève la tête. « Je ne vais pas défouler ainsi ma colère… », commence-t-elle, d’une voix beaucoup plus calme que celle qu’elle a eue jusqu’ici. « Je voudrais simplement comprendre ce qui a changé. Tout, me diras-tu… tout a changé, c’est vrai. Mais il me semblait que nous avions quelque chose de fort, et même si au final ce n’étaient que des mensonges, j’ai de la difficulté à croire que tu puisses tant vouloir m’écarter… »

C’est à son tour d’avoir les yeux humides, et elle vient les essuyer d’un geste impatient. Elle n’a pas envie de se sentir vulnérable face à lui : si elle a réussi à rester forte vis-à-vis lui pendant toutes ces années, ce n’est certainement pas le moment de flancher. Elle a toujours adopté un air d’indépendance face à leur relation, même si elle était blessée de l’attitude de Viktor. Qu’il découvre aujourd’hui à quel point elle est vulnérable est hors de question. « Peut-être simplement que ça voulait dire davantage pour moi que pour toi. » , ajoute-t-elle. « Qui es-tu véritablement? » Pourquoi pose-t-elle cette question? Intérêt réel, désir de pouvoir comprendre l’attitude de Viktor, envie de changer de sujet de conversation? Qui sait…

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Aidé par la jeune femme, Viktor releva doucement la tête vers elle. Son cœur sembla s’alléger un peu lorsqu’elle prononça ces mots. Il sentait bien que la colère de la jeune femme commençait à redescendre, qu’elle s’imprégnait des termes du garçon alors qu’il essayait tant bien que mal de s’expliquer et que ce n’était vraiment pas évident pour lui. Lexie tentait de comprendre ce revirement chez le tailleur. Pourquoi essayer de l’écarter de lui-même si ce n’est pour la protéger ? La protéger de lui. Il ne souhaitait pas continuer de la faire souffrir et il avait cette sale impression que tant qu’il serait à ses côtés, elle ne pourrait pas aller de l’avant et oublier ce qu’il lui avait fait. Il voulait tellement qu’elle soit heureuse, revoir ce sourire enjoué que sa chère Lexie arborait au début de leur relation et si cela devait être avec un autre alors il l’accepterait même si au fond de lui quelque chose se tramait et qu’il n’avait pas totalement envie de la laisser partir…


Le jeune premier vient caresser le visage de son amante après avoir remarqué ses yeux se teindre d’émotion. Il ne l’a jamais vu ainsi. Elle faisait toujours figure de femme forte. Il pensait que cela faisait partie de son caractère, qu’elle pouvait supporter tant de choses et elle l’avait fait d’ailleurs mais finalement, comme toute femme, elle avait sa part de fragilité et celle-ci ressortait aujourd’hui. Cette vue ne fit que plus l’ébranler. Mais qu’avait-il fait ? Qu’est-ce que cette malédiction lui avait fait ou fait faire ? Comment réparer cela maintenant ? Le mal était fait et toute sa misérable vie ne suffirait sûrement pas à l’éffacer…


Pourquoi sa manière de poursuivre la conversation prenait un ton de rupture ? Ils n’étaient pas forcément voués à se séparer si ? Pourquoi tout de suite en arriver là. Leur situation était vraiment compliquée et cela allait sûrement se compliquer davantage. Chacun allait sûrement retourner dans leur monde respectif retrouver leurs proches ou ce qui reste de leurs proches car pour Viktor à part sa sœur, il ne lui restait rien. Mais Lexie ? Elle avait une vie avant Storybrooke. Qu’allait-elle faire maintenant ? Viktor ne pouvait être une entrave à ce qu’elle retrouve la vie qu’elle appréciait peut-être. D’ailleurs, qu’elle vie menait-elle avant ?

Le tailleur jeta un regard vers l’entrée de la boutique. Une personne s’apprêtait à entrer et contre toute attente, il s’écarta de Lexie pour se diriger vers l’entrée puis sortie. Là, Lexie pouvait en être témoin, il salua poliment son client et après avoir échangé quelques mots et un sourire, le client repartit et Viktor accrocha la pancarte « closed ». La jeune femme était sa priorité du moment et il comptait bien lui consacrer ce temps qui lui avait fait défaut jusqu’à maintenant. Il revient vers elle, lui prit la main et l’attira vers l’étage où il vivait. Le garçon l’invita à s’assoir sur son divan et il s’assied à côté d’elle.


C’est lui qui était en train de dire ça ? C’était pourtant lui plus tôt qui semblait vouloir mettre un terme à leur relation. Il changeait vite et son amie devait être perdue. Non, sa personnalité tiraillée se battait contre elle-même et son optimisme revenait au galop tandis que sa langue se déliait. Les moments où ils se confiaient l’un à l’autre n’étaient peut-être pas si révolus que ça. Parler de leur passé était sans doute un début afin de renouer ensemble…

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« Ce n’étaient pas des mensonges, Lexie… Ce que nous avons vécu ensemble, je n’en n’oublierai pas les bons moments. Et même les mauvais, je parle en particulier de ceux où je n’ai pas été correcte avec toi, j’ai du mal à les oublier… Cette partie de moi que tu as connu, elle fait toujours partie de moi aujourd’hui. Seulement avec le brisement de cette maudite malédiction, je retrouve la personnalité qui m’a été doté à la naissance. Je ne suis PAS totalement comme ça à l’origine. Et on se serait connu dans d’autres circonstances, je pense que tu aurais été plus heureuse… » Lexie hausse les épaules, silencieuse. Viktor a toujours été tellement doué avec les mots, elle ignore si elle doit lui faire confiance cette fois ci. Il semble sincère, mais n’est-ce pas là l’œuvre d’une manipulation de plus? Elle a été si naïve de lui accorder des chances dans le passé, aujourd’hui elle voudrait se montrer plus forte. Sauf qu’elle n’y arrive pas, une fois de plus. Mine de rien, elle s’est beaucoup attachée à lui au fil de leur relation tumultueuse, et aujourd’hui il semble être l’un des piliers de sa vie si instable. Même si certains souvenirs de son ancienne vie lui sont revenus, ils ne semblent pas complets : elle ignore qui elle est vraiment, tellement elle se sent déchirée entre sa vie à Neverland et celle à Storybrooke. Elle aurait voulu que cette malédiction ne se rompe jamais. Elle n’était peut-être pas si épanouie que ça, à Storybrooke, mais au moins elle avait une stabilité. Là, elle oscille entre deux passés complètement à l’opposé, qui semblent aussi vrais et faux l’un que l’autre.

Observant Viktor demander poliment à son client de repasser à un autre moment, Lexie reste silencieuse. Elle est tellement confuse par la situation! C’est donc sagement qu’elle se laisse diriger vers l’étage, pénétrant dans cet endroit qu’elle a si souvent visité. Confortablement assise sur le divan qui a vécu plusieurs de leurs moments, elle écoute Viktor alors qu’il reprend parole. « Dit moi Lexie, au vue des évènements récents, notre futur semble incertain… Tu as dû le remarquer mais il se passe des choses bizarres en ville. Chacun semble se rappeler de leur vie d’avant et à cause de cela, il y a une part de mystère qui subsiste en nous… Tu ne sais rien du moi d’avant et moi je ne sais rien du toi d’avant Storybrooke. Tu as peut-être une vie que tu souhaiterais retrouver ? Une famille ? Nous devrions sûrement commencer par là avant de faire quoi que ce soit d’autre, tu ne crois pas ? » Une fois de plus, elle hausse les épaules. « Ma vie d’avant était d’un ennui… si tu savais. » Il faut dire que la belle Lexie a oublié pas mal de choses, notamment celui qui a tellement fait battre son cœur… « Mon vrai nom est Andrina, mais j’aimerais mieux que tu continues à m’appeler Lexie. J’étais une sirène, et une princesse… » En prononçant ces mots, elle fronce les sourcils, et pouffe d’un rire réellement amusé. « C’est tellement loufoque! Si j’avais prononcé ces mêmes mots il y a quelques semaines, on m’aurait internée pour insanité. » Mais bon, peu importe à quel point cette réalité semble ridicule du point de vue de la Lexie de Storybrooke, il n’en s’agit pas moins de la vérité. « C’est étrange, je n’ai aucune envie de revoir la mer, et pourtant elle a été mon univers si longtemps… La pire chose qui pourrait m’arriver serait de retrouver ma forme d’avant. » Vraiment, l’idée de retrouver ses écailles l’horrifie à un tel point qu’elle n’a pas osé mettre un pied sur la plage depuis qu’elle a retrouvé ses souvenirs. Elle a peur qu’une forme de magie s’opère si elle touche à l’eau saline.

Lexie laisse son regard survoler cet appartement, un peu comme si elle le découvrait d’un nouvel œil cette fois. Pourtant, les lieux n’ont pas tellement changés, c’est simplement eux qui sont différents. Dans un coin, sur un modèle de couture, elle remarque une magnifique robe. Le tissu, dans les tons de bleu, saurait sans doute mettre son regard en valeur, tandis que certains détails faits de fil doré semblent être là en l’honneur de sa chevelure. Elle a l’impression que cette robe est faite pour elle, et c’est tout naturellement qu’elle se lève du divan et s’approche du vêtement. Sans hésitation, sans même demander la permission, Lexie retire son pull et ses jeans et enfile la robe, qui semble un peu trop large sur la taille. « Elle est magnifique. Sans doute l’une de tes meilleures… Tu crois que tu pourrais me l’ajuster? » Qui sait, peut-être que la robe est destinée à une autre cliente. Mais Lexie meurt d’envie de la posséder, sans qu’elle puisse expliquer pourquoi. « Une princesse se doit d’être vêtue avec classe, pas vrai? » dit-elle, un sourire aux lèvres. Déjà, la colère qu’elle contenait en entrant initialement dans la boutique semble être chose du passé. « J’adorerais entendre ton histoire. Qui étais-tu, avant? »

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La jeune femme commence à ouvrir la porte de ses souvenirs et lorsqu’il entend son vrai prénom, Viktor ne peut s’empêcher de penser qu’elle porte de jolis prénom même si à l’entendre parler, elle préfère nettement qu’il l’appelle Lexie. De même lorsqu’elle aborde le fait qu’elle était une sirène mais également une princesse, il esquisse un sourire, l’imaginant avec une queue de poisson, nager à travers les vagues et la voyant adulée par ses loyaux sujets marins. Il n’avait pas particulièrement de sympathie pour les sirènes, ayant failli perdre la vie à cause de l’une d’entre elles mais bizarrement, le jeune homme aurait tant aimé la rencontré à cette époque.


Viktor semble hésiter un instant, de nouveau pris dans ses pensées. Cette malédiction a vraiment su utiliser chaque trait de personnalité et chaque environnement familial de chacun à son avantage car étant une sirène, Lexie ne faisait qu’un avec l’océan à Neverland. Or, ici à Storybrooke, elle avait toujours eu peur de la mer. Il n’avait jamais réussi à lui faire prendre un bain de minuit comme si le simple fait de voir toute cette étendue d’eau l’effrayait au point d’avoir peur d’être engloutie par elle. Le comble même d’une sirène était de ne pas savoir nager. Pour lui ça c’était joué essentiellement sur sa personnalité. Assez courageux par nature, il avait toujours été néanmoins réfléchi et ne faisait rien par hasard alors qu’ici, il avait eu souvent tendance à agir sans réfléchir et laisser aller son côté impulsif. De même avec les femmes, à Fairyland, il était plutôt réservé, séduisant plus par son charme naturel, sa gentillesse et sa facilité à discuter de différents sujets sans arrières pensées que par sa tchatche et son audace arboré à Storybrooke.

Tout à coup, la douce jeune femme se lève et se dirige vers son mannequin où il avait commencé un nouvel ouvrage. A première vue, la robe semblait à son goût car sans plus attendre, elle se déshabilla pour l’enfiler. Le tailleur se lève alors à son tour et tourne autour d’elle d’un air concentré. Comme il l’avait imaginé, les tons de la robe et les broderies allaient à ravir avec la jeune Lexie. Non pas qu’il l’avait créé pour lui offrir un jour puisqu’il avait passé son temps à la fuir jusqu’à présent et qu’il n’avait pas prévu qu’elle se pointe chez lui ce soir mais il l’avait créé en souvenir d’elle et même si d’autres femmes porteraient une robe de ce modèle dans le futur, elle n’irait si parfaitement qu’à une seule d’entre elles : Lexie.

Sans réellement attendre qu’elle lui demande quoi que ce soit, il prend des piques à couture qu’il pique sur un bracelet et place à son poignet. Puis l’enlaçant de ses bras, commence à manipuler le tissu à sa taille et piquer en faisant des plis afin de marquer les endroits qu’il devrait reprendre afin que la robe soit à la bonne taille. Affichant un sourire presque satisfait, il passe ses mains sur ses épaules, profitant de l’occasion pour rabattre ses mèches de cheveux dans son dos afin de mieux vérifier les plis de la robe à ce niveau. Viktor attrape la main de Lexie et l’a fait tourner devant lui pour finalement l’attirer à lui.



Lui dit-il avec un sourire amusé. Et là sans réellement réfléchir, comme emporté par le climat ambiant, Viktor se penche vers elle et commence à l’embrasser. Un baiser qui s’éternise et s’harmonise avec les mains du jeune homme, s’attelant déjà à défaire la jolie robe bleue fraichement revêtit par son invitée.

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Alors que Viktor s’approche d’elle, Lexie sent les battements de son cœur s’accélérer. La proximité entre elle et le tailleur n’a rien d’inhabituel, à dire vrai il s’agit d’une chose tout à fait naturelle pour eux. Il n’en reste pas moins qu’elle a l’impression que cette fois c’est différent. Ils ne sont plus prisonniers de leurs vies imposées par la malédiction : ils sont conscients de tout, et choisissent néanmoins de poursuivre ce jeu de séduction. Pourquoi a-t-elle décidé de se dévêtir face à lui? Elle aurait pu se rendre dans une autre pièce pour enfiler la robe. Et pourquoi ne formule-t-il pas d’objections? C’est qu’entre eux, malgré tout, il y a un lien indéniable qui les poussent à aller l’un vers l’autre, et ce peu importe qui ils sont réellement. Elle laisse Viktor s’affairer autour d’elle, ne repoussant pas ses mains lorsqu’elles se posent sur son corps. Au contraire, elle apprécie le geste, retrouvant ces mains qui ont si souvent parcouru son épiderme. Alors que ces mains parcourent le haut de son dos, elle ressent un long frisson, fermant les paupières pour pleinement apprécier la caresse. C’est ainsi que Viktor attrape sa main, la faisant tournoyer vers lui, et elle part dans un éclat de rire, surprise et ravie par cette complicité qui semble retrouvée. « Cette robe vous sied à merveille Princesse ! C’est un honneur pour un simple tailleur comme moi de vous l’offrir afin de l’arborer à toute votre cour »

« Ne m’appelle pas princ… », commence-t-elle avant que Viktor pose ses lèvres sur les siennes. Son objection s’étouffe dans le baiser qu’elle rend au tailleur. Un baiser à la fois tendre et sincère, camouflant à peine la soif qu’ils ont l’un de l’autre. Ces dernières semaines ont été longues, sans lui… Elle sent la robe glisser le long de son corps, et c’est tout naturellement que ses mains trouvent les boutons de sa chemise. Elle défait les boutons un par un, d’abord avec hâte, puis avec une lenteur à laquelle elle prend plaisir, comme une torture lente et pourtant agréable. « Personne de bien important. Un tailleur et un aventurier en même temps je dirais. Je travaillais aussi bien pour la famille royale que pour les habitants de mon village et un jour j’en ai eu marre alors je suis parti » Elle hoche la tête, compréhensive. Combien de fois n’a-t-elle pas elle-même rêvé de partir à l’aventure? Sa vie à Neverland n’avait rien de bien excitant, mais elle n’a jamais eu le courage d’assumer son ennui et de partir. « Ou es-tu parti? Raconte-moi… » Andrina n’a connu que son propre royaume, et Lexie n’a découvert que Storybrooke. Mais toutes les deux, réunies dans la même personne, ont soif d’aventure. Elle meurt d’envie de découvrir chacun des détails de celle de Viktor.

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Lexie n’avait pas eu le temps d’objecter. Viktor avait déjà capturé ses lèvres et tandis que leurs baisers devenaient plus intenses et que la jeune femme se prenait au jeu de faire durer le plaisir en ralentissant la vitesse à laquelle elle s’était mise à déboutonner les boutons de sa chemise, le tailleur lui, accélérait la cadence. Toujours autant habile de ses mains, il la souleva, coinçant les jambes de la lady autour de sa taille tout en ayant au passage dégrafé son soutien-gorge puis traversa le salon ainsi à la force de ses abdos tout en continuant de l’embrasser avec fougue.

Si on lui avait dit que sa soirée allait se passer ainsi, il n’y aurait pas cru le bougre. Il n’y a même pas quelques heures encore, Lexie lui en voulait énormément pour le comportement qu’il avait eu avec elle, l’abandonnant pendant ses remises en question et tentant par-dessus tout de la fuir. C’est tout naturellement que lorsqu’il avait lu en elle toute cette frustration, il s’était encore plus remis en question mais avait décidé de l’affronter, se rappelant alors leur ancienne complicité. Le garçon avait donc décidé d’un commun accord avec lui-même d’essayer de s’expliquer et de faire la paix avec elle en lui proposant d’échanger sur leurs impressions suites à cette rupture de malédiction, voire même de leur vie antérieure mais lorsqu’il l’avait vu quitter sa tenue pour revêtir cette robe inachevée, revoir les courbes de son corps si parfaites ne l’avait pas laissé indifférent et c’est alors qu’il avait écouté le langage de leur corps s’exprimer.


Lui répondit-il d’un air coquin pendant qu’ils franchissaient le seuil de la porte de la chambre. Ses moments de tendresses partagés avec elle lui avait manqué. Ce n’était pas pareil avec les autres femmes. Il n’y avait pas ce lien profond qui les unissait et qui intriguait Viktor tout autant qu’il l’impressionnait. C’était qu’une attirance physique et charnelle rien de plus. Avec Lexie c’était clairement différent. Il en était sûr à présent, il se passait quelque chose en lui, il ne savait pas réellement quoi mais ce qu’il savait c’est qu’il avait décidé d’arrêter de fuir et de vouloir l’éloigner de lui. Etant une princesse, elle devait sûrement être promise à un autre. Viktor le savait au fond de lui mais en ce moment même, il n’était pas prêt à lâcher prise et ce n’était pas les bras chauds de la jeune femme autour de sa nuque qui allaient dire le contraire…

HJ : On ne devrait pas mettre HOT dans le titre ?

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